Aujourd’hui, notre monde vit une véritable révolution industrielle et technologique, celle qu’on appelle la 4.0, et qui transforme notre manière de vivre, de travailler et de se divertir. Comme ce fut le cas pour les révolutions industrielles précédentes, cela ouvre les portes à de nouvelles possibilités tout en créant un immense sentiment d’insécurité.
Cependant, cette insécurité se nourrit d’un fait particulier pour de nombreuses personnes ; celui de perdre le contrôle. Un certain nombre de tâches, jusqu’alors traitées par l’homme, pourraient en effet être confiées à des systèmes intelligents ou des machines sensibles par l’intelligence artificielle, l’Internet des objets et la robotique.
Cela peut ne pas se produire dans l’immédiat, mais c’est l’inexorabilité de la chose qui effraie. À terme, les progrès réalisés en matière d’intelligence artificielle pourraient rendre les machines plus intelligentes que les humains. Certains craignent déjà que les machines puissent vouloir prendre le contrôle et rendre les humains obsolètes.
Cette menace est-elle réelle et crédible ? Certaines personnalités, telles que le physicien Stephen Hawking, l’entrepreneur Elon Musk et l’homme d’affaires Jack Ma, sont convaincus de la probabilité de cette occurrence. Hawking craignait que « l’intelligence artificielle puisse mettre fin à l’humanité! » . Elon Musk pense quant à lui que l’intelligence artificielle pourrait mener à la création d’un « dictateur immoral auquel nous ne pourrons jamais échapper. » Jack Ma, fondateur du géant chinois Alibaba, partage cet avis, y voyant une « grande menace pour l’espèce humaine« , qui supprimera probablement beaucoup d’emplois.
Tous les chefs d’entreprise ne partagent pas ce pessimisme quant à l’impact de l’intelligence artificielle sur les vies humaines. Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook, pour sa part, reste indifférent à ce qu’il considère comme des « scénarios catastrophes. » Et il faut accorder à Zuckerberg le mérite qui lui revient : des craintes et doutes similaires avaient été exprimés quant au futur de l’Homme à l’aube de la révolution industrielle au milieu du XVIIIe siècle. Contrairement à la catastrophe qui était annoncée, l’homme en a retiré une amélioration considérable de son niveau de vie et de sa longévité.
De la même manière, des technologies telles que l’intelligence artificielle, la robotique et l’Internet des objets transforment notre façon de travailler et notre mode de vie. Elles créent de nouveaux paradigmes, non seulement dans les processus de fabrication et commerciaux, mais également dans des secteurs-clés. La santé, la logistique, le logement, la banque-assurance, le divertissement, les transports sont autant d’exemples que l’on peut citer.
Ces nouvelles technologies pourraient, par exemple, permettre à l’humanité d’aller plus loin dans la conquête de l’espace et de coloniser de nouvelles planètes. Les observateurs annoncent déjà des milliards de dollars de bénéfices pour les entreprises qui utiliseront l’IA, dans tous les secteurs. Dans le domaine de la santé, ils assurent également que de meilleurs diagnostics et des traitements élaborés par des algorithmes spécifiques permettront d’allonger de beaucoup l’espérance de vie.
Faut-il craindre de telles technologies ou les adopter au plus vite pour assurer notre propre avenir ? Une révolution incontestable est en marche et les répercussions sur notre vie quotidienne sont imminentes. Bien sûr, il faudrait mettre en place une supervision humaine comme cela fut le cas avec les technologies antérieures, et cela ne se fera pas sans problèmes.
Évidemment, des incidents pourraient se produire. Le dramatique accident qui a causé la mort d’un ouvrier allemand chez Volkswagen dans un accident impliquant un robot en est un triste exemple. Cependant, cela signifie-t-il pour autant que nous devons mettre un frein au progrès à cause de potentiels incidents ?
L’adoption de l’intelligence artificielle nous apporte d’ores et déjà d’énormes avantages en offrant des solutions à toutes sortes de problèmes urgents. Cela va des soins de santé à la logistique en passant par la productivité agricole et les activités bancaires.
Les gens ont raison de croire que l’intelligence artificielle est différente des technologies qu’ils connaissent déjà, car elle jouit d’une autonomie et d’une indépendance bien supérieures. Cela implique de répondre à certaines questions éthiques. Par exemple, sur la cybersécurité, la vie privée ou l’utilisation de l’intelligence artificielle dans la défense.
Les entreprises du secteur de la défense des principaux pays du monde sont très friandes d’armes autonomes. Ces dernières offrent rapidité et furtivité ; ce dont sont incapables les armes conventionnelles. Cela peut également permettre à une armée d’accroître considérablement sa capacité d’attaque et ainsi d’obtenir un avantage militaire sur ses adversaires. Au cœur de ce débat, une question : ordinateurs et machines peuvent-ils prendre des décisions de vie ou de mort ?
Les services de renseignement américains de la Défense, dont le Pentagone, se sont tournés vers la technologie de l’intelligence artificielle, craignant que la Chine ne leur vole le leadership. Pour ce faire, ils souhaitent que les grandes entreprises technologiques de la Silicon Valley leur apportent leur soutien. Actuellement, Google collabore avec DARPA sur un projet de défense appelé Project Maven. La participation à ce projet controversé a suscité de vives inquiétudes au sein de Google. De nombreux employés ont démissionné en signe de protestation et plus de 4.000 pétitions ont été signées contre ce partenariat. Certains des experts et des chercheurs les plus renommés en matière d’intelligence artificielle sont également contre et veulent attirer l’attention de l’opinion publique.
Mais cela signifie-t-il pour autant la fin de l’utilisation de l’IA par la Défense ? Absolument pas ! Des débats auront lieu, on rectifiera le cap, mais la marche du progrès semble inévitable, y compris en matière de défense. Les questions éthiques sont plus que jamais au centre des débats au sein des comités nationaux, du Parlement européen et des Nations Unies.
La recherche en IA progresse plus rapidement que prévu. Ses applications ont déjà un impact sur notre vie quotidienne. Les réseaux sociaux, la communication, le marketing et le divertissement sont autant d’exemples probants. Mais l’intelligence artificielle est également utilisée pour trouver des solutions aux grandes préoccupations de notre époque telles que le changement climatique et la pauvreté. Nous sommes habitués à vivre avec la technologie, parfois sans même le savoir. C’était le cas des premières civilisations qui ont transformé des herbes et des plantes sauvages en cultures ordinaires grâce à l’élevage et au greffage sélectif, ou encore qui ont créé des espèces d’animaux aux adaptés à leurs besoins.
Des chercheurs, des data scientists et des entreprises telles que les GAFAM rédigent actuellement l’équivalent technologique du code génétique des machines et des systèmes qui les utilisent. Ainsi, la technologie deviendra ce qu’ils ont créé et ce que la réglementation potentielle autorisera. Comme pour toute création, l’utilisation dépend de l’Homme: pour le bien, pour le profit personnel ou pour les deux.
Les craintes relatives aux impacts sociaux, économiques et éthiques sont réelles et basées sur un double manque : le manque de réponses aux questions et le manque de compréhension des technologies. Craindre l’intelligence artificielle ne changera rien. Cette révolution technologique est déjà en cours. L’accent devrait être davantage mis sur les conséquences, sur l’explication de cette technologie, sur sa façon d’affecter notre vie personnelle et professionnelle, sur les avantages que nous souhaitons en retirer et ceux que nous refusons. Ce débat a lieu en ce moment-même et le rejoindre peut être la clé pour comprendre notre avenir.